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Publié Le 18 novembre, 2021 8:27 pm

L’Agence nationale de recherche et de développement spatial nigériane (NASRDA) et la société française Prométhée ont signé, mardi 9 novembre à Abuja, une lettre d’intention posant les bases d’une coopération couvrant le domaine des systèmes de constellations de nanosatellites d’observation de la Terre.

Ces satellites miniatures, dits aussi « cubesats », comportent une structure modulaire composée d’une à six unités de 10 x 10 x 10 cm pouvant avoir une masse de moins de 100 kg. Ces dimensions sont suffisantes pour réaliser les fonctions de base du satellite (la communication, l’électronique, la navigation, etc.) et pour porter une « charge utile » permettant au satellite de remplir sa mission scientifique. Plus d’une centaine ont déjà été lancés.

Entre intelligence environnementale et stratégique

Les solutions satellitaires proposées par Prométhée permettront au Nigeria de protéger sa population et de gérer ses besoins en matière d’agriculture, de lutte contre la désertification et la déforestation, de sécurité alimentaire, de développement de « smart cities », de gestion de l’eau, de catastrophes naturelles, de sécurité en général. À partir d’autres sources, l’agence spatiale fournit déjà aux forces de sécurité des images satellitaires permettant de traquer les djihadistes de Boko Haram ou les groupes terroristes qui sévissent dans la région pétrolifère du Delta, dans le sud du pays.

« Nous voulons diviser par quatre le coût des données spatiales d’observation de la Terre pour des applications dans l’agriculture, l’environnement, la surveillance de l’eau, la ville intelligente? », explique Olivier Piepsz, président de Prométhée. « Les pays émergents y auront ainsi accès et nous leur donnerons la souveraineté en leur vendant les satellites et la plateforme numérique. ».

La start-up toulousaine Prométhée a été fondée en janvier 2020 par deux spécialistes du spatial, Olivier Piepsz, ex-Dassault Aviation et ancien vice-président de la direction internationale de Safran pour l’Amérique latine et l’Europe, et Giao-Minh Nguyen, ancien responsable de projet d’ArianeGroup pour les petits lanceurs. Ces entrepreneurs du NewSpace, donnant un accès low cost à l’exploration spatiale, veulent proposer aux pays d’Amérique latine et d’Afrique des constellations de nanosatellites d’observation de la Terre et des plateformes d’analyse, qui croiseront les données spatiales et de terrain pour fournir des informations facilement interprétables. Les satellites de 40 kg survolent la cible au moins une fois par jour et jusqu’à 17 à 18 fois. En faisant appel à d’autres sources en collaboratif, on descend à vingt minutes, presque du temps réel.

« L’observation de la Terre, la gestion des ressources, l’aménagement du territoire, la lutte contre le changement climatique, la réduction des disparités liées au genre, la surveillance de maladies : le potentiel du spatial en Afrique est immense », explique à RFI Jean-Yves Le Gall, le président du Centre national d’études spatiales (Cnes), qui coopère avec de nombreux gouvernements africains pour la mise en place de programmes spatiaux. Les données recueillies par satellite permettent, par exemple, de prédire une épidémie de paludisme. « Il y a une corrélation entre les larves de moustiques qui propagent la malaria et les concentrations d’humidité. Grâce au satellite, quand on voit qu’il y a une forte humidité quelque part, cela indique que les moustiques vont s’y propager. Les pouvoirs publics peuvent donc anticiper », souligne Jean-Yves Le Gall.

Des États à la conquête de leur souveraineté

Prométhée propose une offre « clé en main » de bout en bout couvrant le segment spatial (une constellation de vingt nanosatellites), un centre de contrôle et un centre de mission, une plateforme digitale, ainsi que la formation des opérateurs et les échanges technologiques garantissant l’autonomie des pays. Le budget tout compris d’une telle constellation et de ses outils d’exploitation est de l’ordre de 100 millions d’euros, trois fois moins qu’un satellite classique seul.

Pour concrétiser cet accord, le ministre fédéral des Sciences et Technologie Mohammed Hassan Abdullahi a reçu dans ses bureaux le directeur général de l’Agence spatiale nigériane et ses dirigeants, ainsi que les représentants de Prométhée et de son partenaire Magelium (cartographie), en insistant sur l’importance pour le pays de se doter d’un système complet de constellation de nanosatellites d’observation de la Terre en favorisant l’émergence d’un savoir-faire local. L’agence nigériane, qui a fêté ses 20 ans en 2019, a aussi régulièrement épaulé le gouvernement fédéral lors des différentes élections en assistant les différentes commissions nationales indépendantes dans leur mission de cartographie électorale afin de s’assurer que les populations isolées soient associées au processus démocratique.

Le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte comptent comme les poids lourds du continent dans le domaine spatial. L’Égypte accueillera le siège de l’Agence spatiale africaine dès cette année. Prométhée prospecte actuellement d’autres pays africains et est en discussion avec le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ainsi que des pays du Golfe.

Le Point




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