Alors que les premières tentatives remontent à 2001, la Chine veut accélérer le développement de son propre système d’exploitation pour ordinateur. Le but: réduire sa dépendance vis-à-vis des Américains.
La Chine rêve d’avoir son propre système d’exploitation. Si cette ambition affichée n’est pas nouvelle, la deuxième économie mondiale souhaite accélérer son développement. C’est pourquoi l’entreprise publique China Electronics Corp a lancé fin juin une plateforme en open source, baptisée OpenKylin.
La démarche se voulant ouverte, le but est de fédérer une communauté de développeurs, d’entreprises, d’universités ou encore d’instituts de recherche pour construire plus rapidement un système d’exploitation commun pour ordinateur. Au total, une douzaine d’entreprises chinoises seraient déjà mobilisées sur le projet.
Disposer de son système d’exploitation national est un vieux serpent de mer pour la Chine, qui rêve de s’affranchir de Windows – développé par Microsoft – et de MacOS – le système d’Apple.
Difficile à faire, quand le duopole américain équipe respectivement près de 75% et 16% des ordinateurs dans le monde, selon les chiffres de Statcounter. Ces proportions sont similaires en Chine. Linux et Chrome OS se partagent les miettes.
Une première tentative dès 2001
La première tentative de la Chine remonte à 2001, avec le lancement du projet baptisé « Kylin ». L’idée était de le concevoir pour être utilisé par les services du gouvernement et de l’armée. A partir de 2010, cette première version du système d’exploitation chinois a été transférée vers Linux, rappelle The Register.
Cette initiative illustre la volonté de la Chine d’avoir la mainmise sur Internet et plus largement, ses réseaux de télécommunications. Sa politique de censure d’Internet, connue sous le nom de « Grande muraille électronique », a ainsi empêché Google et Facebook de s’y implanter. Conséquence: des géants chinois ont pu émerger et prospérer, comme WeChat ou encore TikTok.
Le gouvernement a récemment exigé de ses administrations centrales et de ses entreprises publiques qu’elles remplacent d’ici deux ans leurs ordinateurs de marques étrangères par des « alternatives domestiques », rapportait Bloomberg début mai. Cela pourrait conduire au remplacement de pas moins de 50 millions d’ordinateurs, rien qu’à l’échelle du gouvernement.
Pour la Chine, la création d’un système d’exploitation national est une façon de réduire sa dépendance aux technologies étrangères, alors que les outils et produits chinois sont régulièrement pointés du doigt – voire bannis – aux Etats-Unis.
Huawei en a fait les frais à compter de 2019. Soupçonné d’espionnage, le fabricant chinois a été placé sur liste noire par Washington au cours du mandat de Donald Trump. La principale conséquence a été de le priver d’accéder aux technologies américaines, dont les principales applications du système d’exploitation mobile Android (propriété de Google) qui équipe la quasi-totalité des smartphones dans le monde, hors Apple. Il a donc développé son propre système, baptisé HarmonyOS.
Pour sa part, TikTok est régulièrement critiqué aux Etats-Unis pour la gestion des données personnelles de ses utilisateurs. Fin juin, un cadre du gendarme des télécoms a dit vouloir bannir l’application de vidéos courtes.
avec bfmtv