La déclaration est d’Elon Musk et elle n’est pas nouvelle. Elle prend seulement un coup de neuf dans un contexte où des observateurs sont d’avis que certaines tendances technologiques en cours sont de nature à faire perdre aux diplômes leur importance. Le tableau est tel qu’on serait amené à se poser la question de savoir si l’école est inutile. Réponse d’Elon Musk : c’est le modèle d’enseignement qui est à revoir et c’est la raison pour laquelle il a lancé l’école dénommée Ad Astra. L’objectif : soumettre les apprenants à une approche pédagogique qui aiguise leur esprit critique. Pas de différenciation de niveaux (CM1, CM2, etc.), pas de diplômes de fin de formation, mais une approche par projets destinée à muscler l’esprit critique des apprenants considéré comme socle essentiel de leurs compétences.
« Les écoles classiques ne me semblaient pas faire ce qu’il fallait. J’ai donc pensé que créer une école serait une meilleure solution », déclare Elon Musk à propos des motifs derrière la création d’Ad Astra. L’école qui est née dans les locaux de SpaceX est désormais renommée en Astra Nova School et elle est ouverte aux élèves du monde entier de 10 à 14 ans qu’Elon Musk semble avoir pour cible lorsqu’il dit lors d’un recrutement pour Tesla qu’il « se moque de savoir s’ils sont même parvenus à obtenir leur diplôme d’études secondaire. » Néanmoins, les contours d’Astra Nova School sont flous étant donné que le site web de l’école indique clairement que « nous sommes une école expérimentale. Attendez-vous à de nouvelles idées chaque trimestre. »
Les contours d’Astra Nova sont d’autant plus flous qu’il est difficile d’en cerner la véritable plus-value en comparaison de cursus dits traditionnels
En effet, le problème de fond est de savoir si école, diplôme, capacité à communiquer, créativité et adaptabilité sont dissociables. La rubrique https://emploi.developpez.com ouvre la porte à la consultation de plus de 20 000 offres d’emploi de développeur ou en informatique pour tiers au sein de la francophonie. Des exigences reviennent au sein de ces dernières : le postulant doit posséder un diplôme universitaire de niveau bac+3/5 et plusieurs années d’expérience. Et ce n’est pas fortuit.
En effet, de façon traditionnelle, l’exercice dans la filière des technologies de l’information en France requiert de suivre le parcours classique d’une formation diplômante en informatique, au cours de laquelle, le futur développeur de métier acquiert les connaissances de base pour la carrière qu’il envisage. Le cursus est sanctionné par l’obtention d’un diplôme universitaire à bac+3/5 en général requis (en plus d’un certain nombre d’années d’expérience professionnelle) par les employeurs lors de la phase de recrutement. La consultation des syllabus de formation laisse en sus penser qu’elles accordent une place importante à la capacité de communiquer, à la créativité et à l’adaptabilité. C’est d’ailleurs pour cette raison que les écoles françaises qualifient leurs ingénieurs de « généralistes. »
En Amérique du Nord, le rapport au diplôme est différent de celui en France. En 2015, Elon Musk et d’autres personnalités de l’industrie de la technologie ont créé OpenAI et l’ont déplacé dans des bureaux au nord de la Silicon Valley à San Francisco. Ils ont recruté plusieurs chercheurs ayant travaillé chez Google et Facebook, deux des entreprises qui mènent une poussée industrielle dans le domaine de l’intelligence artificielle.
En plus des salaires et des primes à la signature, les géants de l’Internet rémunèrent généralement les employés avec des options d’achat d’actions considérables. OpenAI a dépensé environ 11 millions de dollars dans sa première année, avec plus de 7 millions de dollars consacrés aux salaires et autres avantages sociaux. C’est ainsi que des chercheurs de renom ont pu entrer en possession de rémunérations annuelles variant entre 300 000 dollars et 2 millions de dollars l’an.
Grosso modo, la manœuvre laissait penser que la filière intelligence artificielle est réservée à des tiers ayant fait de longues études universitaires, des personnes nanties de doctorats. Seulement, Elon Musk a complété une offre d’emploi pour la division intelligence artificielle de Tesla à sa manière : « Un doctorat n’est absolument pas nécessaire. Tout ce qui compte, c’est une compréhension approfondie de l’intelligence artificielle et la capacité à mettre en œuvre les réseaux de neurones d’une manière réellement utile (c’est ce dernier point où l’on observe qu’il y a des difficultés). »
C’est un positionnement qui rejoint celui d’IBM qui suggère de recruter sur la base des compétences plutôt qu’en se fondant sur les diplômes universitaires. Même Tim Cook est d’avis qu’ « un diplôme universitaire de quatre ans n’est pas nécessaire pour maîtriser le codage informatique. » Après, la plus grosse difficulté est peut-être de répondre à la question : qu’est-ce qu’être compétent ?
Sources : Elon Musk, Astra Nova