C’est une semaine très compliquée pour Apple. Dans un premier temps la CIRP a rendu son rapport sur les ventes d’iPhone sur 2023. Selon les dires de cette institution, elles sont en baisse considérable, atteignant leur plus bas niveau depuis 2017.
L’autre grande nouvelle autour d’Apple cette semaine, c’est évidemment la publication d’une longue et détaillée enquête par l’agence Bloomberg à l’encontre de la Pomme. Cette dernière y est accusée de broyer des milliers d’iPhone tous les ans pour ne pas avoir à les recycler. L’article explique également qu’Apple a attaqué la société en charge de cette sous-traitance pour des affaires de vols et de marché noir.
Mais si ces deux annonces ont de quoi faire trembler n’importe quelle entreprise, ce n’est pas tout en ce qui concerne Apple. En effet, c’est la République démocratique du Congo (RDC) qui en ajoute une couche ce matin. Selon ses dires, Apple aurait utilisé des minerais dans ses appareils alors qu’ils ont été « exploités illégalement ».
Selon les accusations de Kinshasa, Apple aurait utilisé ces minerais, mais la connaissance de cause n’est pas clairement établie. Le gouvernement africain explique que ces matériaux proviennent de « mines congolaises » où « les droits de l’homme sont violés ».
Plusieurs avocats ont été mandatés par le gouvernement central de la RDC pour mettre cette affaire au clair. Dans leur rapport, publié aujourd’hui, ils expliquent que les minerais exploités illégalement dans le pays sont ensuite transportés de façon clandestine vers le Rwanda voisin où ils sont blanchis et revendus.
Les avocats assurent que le Rwanda joue un rôle « central » dans « l’exploitation illégale » de certains minerais, notamment l’étain et le tantale. Les deux avocats mandatés par la RDC pour mener cette affaire ont déposé aujourd’hui une mise en demeure aux deux filiales françaises d’Apple. Un courrier a également été transmis à la maison mère américaine.
La publication de ce document permet de mettre en lumière un phénomène peu connu en Europe et pourtant central dans notre économie. Le sous-sol de la République démocratique du Congo est extrêmement riche, notamment en minerai.
Le contrôle de ces régions est donc une source de revenus importante et de nombreux groupes armés se disputent ces territoires. Alors que le gouvernement central a de plus en plus de mal à gérer son intégrité intérieure, ce coup de projecteur pourrait permettre à Kinshasa de récupérer une aide internationale bienvenue pour lutter contre l’exploitation illégale, qui se fait bien souvent, en dépit des droits humains fondamentaux.
Le reporter et YouTuber Charles Villa avait tourné une vidéo (disponible ici) il y a quelques années sur le sujet et il a fait partie des rares personnes à se rendre sur place. Dans ces mines où la loi du plus fort règne, ce sont bien souvent des enfants qui travaillent dans des galléries sans aucune protection. Les morts se comptent par centaines tous les ans.
Les Echos