L’engouement autour des cryptomonnaies ne se dément pas. Chaque jour ou presque, de nouveaux projets émergent dans cet écosystème. Et les cours grimpent à une vitesse folle depuis le début de l’année 2021. De quoi susciter l’intérêt des investisseurs et des spéculateurs. Mais aussi de personnes malintentionnées, profitant de la tendance actuelle pour appâter les internautes, leur faire de fausses promesses et les arnaquer au bout du compte.
« Les arnaques prennent souvent la forme de plateformes qui n’existent pas. Cela démarre en général par une bannière publicitaire et de l’hameçonnage, sur les réseaux sociaux ou par mail », précise Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Souvent, des noms de célébrités issues du monde de la télévision ou du sport sont mises en avant, « avec parfois de faux compte-rendu d’émissions télé », souligne-t-elle.
L’objectif de l’escroc est d’amener l’internaute à remplir un questionnaire pour lequel il doit renseigner des informations personnelles, et notamment le numéro de téléphone. « Cela permet ensuite un échange direct et de déployer des techniques de manipulation. » La personne à l’origine de l’arnaque va tout faire pour essayer de convaincre son interlocuteur et le mettre en confiance. Il pourra paraître très sérieux.
Mais ensuite, il demandera un premier virement, souvent une somme peu élevée. « Les escrocs peuvent évoquer différents services pour donner l’impression d’une organisation très structurée, en insistant sur le fait qu’il faut investir maintenant et ne pas laisser passer l’occasion », explique Claire Castanet. « Tout cet univers permet d’arnaquer y compris des personnes un peu chevronnées. »
Des virements plus conséquents seront ensuite demandés. Quand l’épargnant souhaitera récupérer son argent, on lui expliquera qu’il y a des difficultés, en raison de frais de dossiers ou de taxes. Et puis d’un coup, son interlocuteur ne répondra plus et les sommes placées auront totalement disparu.
En avril dernier, en Turquie, le fondateur d’une plateforme d’échanges de cryptomonnaies, baptisée Thodex, a par exemple fui à l’étranger. Son site a annoncé du jour au lendemain la suspension des échanges. Il est devenu inaccessible, empêchant les épargnants de retirer leurs avoirs. Résultat, près 400 000 utilisateurs auraient été floués, pour un montant total de 2 milliards de dollars, soit près de 1,7 milliard d’euros.
Pour attirer les internautes, Thodex aurait notamment proposé des remises sur le Dogecoin, récemment devenu la quatrième cryptomonnaie au monde par sa capitalisation boursière.
Les bannières publicitaires pour attirer les épargnants s’adressent aussi aux jeunes sur les réseaux sociaux et les applications mobiles comme Instagram et TikTok. Pour ce type de public, des offres proposent notamment des packs de formation pour apprendre soi-disant à devenir trader en très peu de temps. « Dès qu’il y a une promesse de gains importants, certains se laissent attirer et se font avoir », constate Jonathan Herscovici, fondateur de StackinSat, une plateforme commercialisant des plans épargne bitcoin.
Les jeunes — et moins jeunes — ne doivent donc pas se laisser séduire par les promesses d’argent facile. Les formations suggérées nécessitent généralement un paiement, comme la souscription d’un abonnement mensuel, pour pouvoir les suivre. De l’argent très mal investi, car personne ne devient trader en quelques cours seulement.
« Si des coordonnées ont été livrées à des arnaqueurs, elles peuvent circuler et l’épargnant risque d’être recontacté avec la volonté encore une fois de l’arnaquer, parce qu’il sera perçu comme une cible potentielle », prévient en outre Claire Castanet.
Depuis le début de l’année 2021, les cryptomonnaies sont la deuxième source d’arnaques remontées à l’AMF, derrière le Forex, qui fait également l’objet de nombreuses bannières publicitaires et qui représente le marché des changes, sur lequel les devises du monde entier sont échangées. Les arnaques aux monnaies numériques dont l’institution a été informées représentent 2,5 millions d’euros de préjudices au total, entre janvier et avril 2021.
Les appels d’épargnants floués que reçoit l’AMF tendent à augmenter de nouveau, après le pic de 2018, lié à la forte ascension du bitcoin à cette période.
Pour éviter de se faire arnaquer, il est donc important de ne pas se laisser séduire par des promesses de rendements élevés, les cours des cryptomonnaies étant extrêmement volatils et leurs évolutions impossibles à prédire. L’épargnant peut faire appel à des plateformes régulées, en consultant la liste blanche des intermédiaires agréés par l’AMF en tant que « prestataire de services sur actifs numériques ». Cette liste contient au 14 mai une quinzaine d’acteurs.
À l’inverse, l’AMF présente aussi une liste noire de plateformes à éviter. Le régulateur invite à télécharger son application « AMF Protect Epargne », qui met des outils à disposition pour réaliser soi-même un diagnostic et évaluer les signes potentiels d’une arnaque. Elle fournit aussi les dernières alertes au public émises par l’institution.
Une fois arnaqués, les épargnants ont malheureusement très peu de chances de récupérer leur argent. D’où l’importance de redoubler de vigilance en amont. Il est alors quand même conseillé de porter plainte, en fournissant un maximum de documents pour permettre à la police d’agir : mails et messages échangés, numéros de téléphone, enregistrements éventuels, numéros d’IBAN auxquels de l’argent a été viré…
Voici en résumé comment éviter de se faire arnaquer :
Business Insider