Fidèle à sa feuille de route, IBM lance officiellement son nouveau processeur quantique « Eagle », doublant ainsi les performances théoriques par rapport à la génération précédente.
Dans le monde du quantique, il y a plusieurs écoles : les annonces fumeuses façon Microsoft, les plans évasifs façon Google, etc. Et les feuilles de route réglées comme du papier à musique de monsieur IBM, qui annonce ce jour tenir son calendrier à la lettre. Le géant de l’informatique lance en effet en cette fin 2021 son « Eagle », processeur quantique le plus puissant du monde avec 127 qubits au compteur.
Une puce fabriquée par IBM dans ses propres usines – rappelez-vous qu’IBM aide les autres fonderies à maitriser la gravure ! – et qui a comme particularité d’être conçue comme un millefeuille de « couches » de qubits agencés dans l’espace de manière à limiter les interférences entre eux.
C’est sur cette architecture en 3D (on parle de « 3D Packaging ») qu’IBM a construit la feuille de route de ses processeurs quantiques. Cette montée en puissance a commencé avec Falcon (27 qubits) en 2019, puis Hummingbird (64 bits) en 2020. Et Eagle n‘est qu’une étape menant à Osprey (433 qubits) en 2022 et Condor (1021 qubits) en 2023, avant de faire le saut à plusieurs milliers, voire au-delà du million de qubits à l’horizon 2026 (et plus).
Que retenir d’une telle annonce ? Si le quantique pourrait bouleverser des pans entiers de l’économie, pour l’heure, ces ordinateurs artisanaux mêlant capacités de calcul de pointe (mais complexes à maîtriser) et recherche fondamentale sont des systèmes d’exception qui ne nous concernent en rien au quotidien.
Ce qui est marquant en revanche, c’est la feuille de route d’IBM. Car quand Google se fend d’annonces dépourvues de calendrier précis (sa « longue route vers le sommet » est intéressante pour une découverte grand public, mais ne laisse rien transpirer côté technique), les austères schémas sur fond noir d’IBM semblent d’une limpidité exemplaire. De la construction de l’écosystème logiciel, en passant par les services cloud, les premières ventes à des institutions privées jusqu’au hardware aujourd’hui, IBM avance ses technologies avec une implacable régularité.
Un état de fait qui laisse à penser, de l’extérieur, que si le reste du monde est perdu entre recherche (les différents acteurs européens et chinois), effets d’annonce (Microsoft et Google), etc. IBM, lui, semble si bien savoir où il veut aller (et comment !), comme un phare dans le brouillard de l’informatique quantique.
S’il est trop tôt pour que qui que ce soit puisse sérieusement afficher une quelconque « suprématie quantique », de tous les acteurs, IBM affiche clairement la proposition la plus lisible et la plus solide de l’industrie.
Source : Zdnet