SÉCURITÉ – La fraude à l’identité en ligne n’a de cesse de se perfectionner, et les derniers chiffres en la matière sont plutôt inquiétants
La pandémie et son « passage au digital forcé » pour grand nombre d’entreprises ont été une aubaine pour certains malfaiteurs : le taux de fraude à l’identité en ligne est ainsi passé de 6,6 % en 2019 à 8,5 % en 2020, comme l’expliquait à l’époque un baromètre établi par Onfido, spécialiste dans la vérification d’identité et l’authentification en ligne.
Un an plus tard, le retour progressif à la normale et la mise en place de méthodes de sécurisation adéquates ont toutefois permis d’infléchir la tendance en retombant à un taux de fraude moyen de 6,9 % (en octobre 2021). Pour autant, la nouvelle enquête Rapport sur la fraude à l’identité de l’entreprise met en garde contre un danger grandissant…
Alors que les escroqueries utilisant des techniques bas de gamme (fraudes dites « faciles ») avaient connu une forte croissance en 2020, elles laissent désormais la place à des fraudes qualifiées de « moyennes », autrement dit plus perfectionnées, qui représentent 47 % des falsifications repérées par Onfido en 2021. Il est ainsi plus difficile de détecter les erreurs dans un document attaqué (police d’écriture incorrecte moins visible, mauvaise qualité d’impression de la photo d’identité etc).
© Fournis par 20 Minutes Les fraudes utilisant des techniques bas de gamme ont connu une forte croissance en 2020 – IStock / City Presse
Or, ce phénomène inquiète particulièrement les acteurs de la sécurité puisqu’il traduit l’essor d’activités frauduleuses organisées. Selon Interpol, avec qui Onfido a noué un partenariat, « les documents attaqués ouvrent la voie au crime organisé, notamment pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Par conséquent, l’incapacité à identifier ces documents dans des scénarios réels et en ligne constitue une menace pour l’économie mondiale, les pays et leurs citoyens. »
Première cible des malfaiteurs : le passeport, qui détrône à présent la carte nationale d’identité en tête du classement de la pièce la plus fréquemment attaquée au niveau mondial. Un phénomène qui pourrait s’expliquer par la bonne réputation de ce document, disposant d’une sécurité renforcée et qui rend donc les citoyens moins vigilants. De même, il ne comporte qu’une page à contrefaire (contrairement à la CNI qui a un recto mais aussi un verso).Notre dossier « USURPATION D’IDENTITÉ »
Si le commerce de détail était déjà le secteur le plus touché par les tentatives de fraude à l’identité en France en 2020, la tendance est dorénavant mondiale avec une augmentation de 36 % des tentatives. Quant aux cryptomonnaies, elles sont toujours victimes de leur succès puisque, selon Onfido, quelque 7.000 personnes ont signalé des pertes de plus de 80 millions de dollars induites par la fraude à l’identité entre octobre 2020 et mars 2021.
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