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Publié Le 24 mars, 2022 10:11 am

Lors du premier sommet continental sur la cybercriminalité, le chef de l’État togolais a appelé à harmoniser les politiques de lutte contre un fléau qui coûte à l’Afrique plusieurs milliards de dollars par an, et ralentit sa croissance.

Initialement prévu en octobre dernier, le sommet sur la cybersécurité s’est ouvert ce mercredi 23 mars, au Centre international des conférences de Lomé, sous le patronage du président Faure Gnassingbé.

Coorganisé par le Togo et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), cet événement de deux jours a pour objectif d’aider les décideurs politiques et économiques à mieux  comprendre les préoccupations croissantes dans les domaines de la cybersécurité et de la cybercriminalité en Afrique, et la nécessité d’améliorer la robustesse des systèmes informatiques pour la protection des institutions et des citoyens. Il s’agit également d’inciter chaque gouvernement africain à s’engager à mettre en place une stratégie politique et un cadre juridique national de cybersécurité. 

Métamorphose des modes de vie

Pour le président togolais, qui s’est vu décerné le Prix du champion d’Afrique de la cybersécurité par le CEA,  la révolution industrielle portée par la transition numérique métamorphose complètement les modes de vie et  plonge l’humanité dans la complexité.

Vera Songwe (dr.), secrétaire exécutive du CEA, remettant son prix à Faure Gnassingbe, le président togolais, à Lomé le 23 mars 2022. © Emmanuel Pita
Vera Songwe (dr.), secrétaire exécutive du CEA, remettant son prix à Faure Gnassingbe, le président togolais, à Lomé le 23 mars 2022. © Emmanuel Pita

À ce titre,  la cybersécurité doit rester « une préoccupation majeure pour les États africains tant en matière de souveraineté nationale que de prospérité économique », affirme-t-il avant de recommander aux  gouvernements une réponse « unifiée » et la mise en place « de cadres juridiques essentiels pour réglementer l’utilisation du cyberespace et sanctionner les cybercrimes ». 

La cybersécurité doit rester une préoccupation majeure pour les États africains

Le Togo qui ambitionne de devenir un hub digital attractif pour les investisseurs a multiplié les initiatives pour renforcer sa souveraineté numérique et assurer la sécurité et la protection des données. En 2021, il s’est doté du  premier centre de données de Tier 3, a renforcé son cadre juridique et  procédé à l’opérationnalisation de l’Agence nationale de la cybersécurité (ANCY).

Le 18 mars dernier, le Togo a été le premier pays africain à accueillir le câble sous-marin de Google : « Equiano constitue un instrument essentiel et stratégique dans la réalisation des projets ambitieux de digitalisation au Togo. Ce câble aura un impact direct sur la connectivité au Togo, et permettra d’offrir un accès Internet à haut débit amélioré et abordable à des millions de Togolais et aux populations de la région d’Afrique de l’Ouest », a indiqué le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé. 

1 % du PIB mondial

D’après l’éditeur de logiciel McAfee en 2020,  les coûts de la cybercriminalité ont augmenté de plus de 50% au cours des deux dernières années, dépassant désormais 1 000 milliards de dollars dans le monde, soit plus de 1 % du PIB mondial. Pour l’Afrique, la cybercriminalité a un coût estimé à 4,12 milliards USD en 2021, selon les chiffres du cabinet de conseil kényan Serianu, repris par Vera Songwe, la secrétaire exécutive du CEA, au cours de son intervention. Au premier semestre de la même année, les données indiquent que le Kenya a été la cible de 32,8 millions d’attaques, l’Afrique du Sud de 31,5 millions et le Nigeria 16,7 millions.

Sur les 54 pays africains, seuls 28 disposent d’une législation sur la protection des données

À ce tableau peu reluisant, s’ajoutent la pénurie de professionnels de la sécurité certifiés qui n’étaient que 7 000 en 2018, soit 1 pour 177 000 personnes, mais aussi l’insuffisance du cadre juridique sur la cybersécurité et la protection des données : sur les 54 pays africains, seuls 28 disposent d’une législation sur la protection des données (52%), et 6 sont en train de rédiger une législation (11%).

700 millions d’Africains non connectés

La Société financière internationale (IFC) et Google soulignent pourtant que l’économie de l’Internet en Afrique devrait contribuer à hauteur de 180 milliards de dollars à l’économie globale du continent d’ici à 2025, pour atteindre 712 milliards de dollars en 2050. D’où l’urgence pour les pays africains, d’après Vera Songwe, de « renforcer les initiatives essentielles à l’essor de l’interconnexion, en lançant de nouvelles initiatives telles que la Stratégie de transformation numérique pour l’Afrique (2020-2030) et le Cadre de gouvernance des données pour l’Afrique, afin de connecter rapidement les quelque 700 millions d’Africains non connectés et de résoudre les problèmes de vitesse et de coût pour ceux qui ont un accès.»

À l’occasion de ce premier sommet, une déclaration dite de Lomé sur la cybersécurité sera adoptée dans le but d’inciter les pays à signer et à ratifier la Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel –  « Convention de Malabo » – , adoptée le 27 juin 2014.

Par Charles Djade




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