Après les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l’Australie et la Suède, c’est au tour du Canada de chasser Huawei et ZTE du marché de la 5G.
Ces équipementiers télécoms chinois ne pourront pas participer au déploiement de cette technologie, jugée cruciale pour la numérisation des entreprises dans les années à venir. Ottawa justifie cette décision par des raisons de sécurité.
« Elle intervient après un examen complet par nos agences de sécurité, et en consultation avec nos alliés les plus proches », a déclaré François-Philippe Champagne, le ministre de l’Industrie, lors d’une conférence de presse ce jeudi.
Huawei et ZTE font l’objet de nombreuses craintes. Les Etats-Unis redoutent, en particulier, que le premier utilise ses équipements à des fins d’espionnage pour le compte de Pékin. Ce que Huawei a toujours démenti. Washington, qui a banni ZTE, puis Huawei en 2019, mène depuis un intense lobbying pour pousser ses alliés, notamment sur le Vieux Continent, à faire de même. L’autre crainte des Etats-Unis et de plusieurs pays européens est que Huawei et ZTE soient en mesure d’éteindre les réseaux à distance en cas de conflit. Ce qui provoquerait un séisme au regard de la criticité de ces infrastructures.
Vendredi les Etats-Unis ont salué cette décision du Canada.
« Les Etats-Unis soutiennent les efforts pour faire en sorte que les pays, les entreprises et les citoyens puissent avoir confiance dans leurs réseaux sans fil et leurs opérateurs. Nous continuons à travailler avec des alliés comme le Canada pour garantir notre sécurité partagée », a dit un porte-parole de la diplomatie américaine.
Pour le ministre canadien de la Sécurité publique, Marco Mendicino, la technologie 5G « représente une opportunité majeure pour la concurrence et la croissance », mais « comporte également des risques ». « Il existe de nombreux acteurs hostiles qui sont prêts à exploiter les vulnérabilités » dans les réseaux de télécommunications, a-t-il déclaré en conférence de presse.
Cette décision d’Ottawa, qui était anticipée, avait été repoussée du fait de tensions diplomatiques avec Pékin. La relation diplomatique entre le Canada et la Chine s’est en effet envenimée fin 2018 avec l’arrestation, à Vancouver, de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei et fille du fondateur du mastodonte chinois des télécoms. Cela avait marqué le début d’une crise majeure entre les deux pays appelée « diplomatie des otages », avec la détention en parallèle en Chine de deux Canadiens, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor. Après près de trois ans de procédure, Meng Wanzhou a finalement retrouvé la liberté fin septembre 2021 et regagné la Chine. Et les deux Canadiens avaient été libérés dans la foulée.
(avec AFP)