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Publié Le 2 juin, 2022 8:49 am
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Immense campus au Texas, data centers partout dans le monde, lobbying à Washington: le leader mondial des logiciels de gestion est sur tous les fronts pour rattraper son retard dans les serveurs en ligne.

Les eaux tranquilles du lac Colorado, à quelques pas de ses bureaux, baignent les rives. Quelques chênes de Virginie tendent leurs branches. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Installé dans son nouveau siège à Austin, Oracle prépare l’avenir de ses logiciels à l’ère du cloud. Historiquement implantée en Californie, la société a déménagé au Texas l’an dernier, sur les rives du Lady Bird, l’un des lacs réservoirs du centre-ville. Sous les grandes verrières opaques du bâtiment travaillent déjà les équipes de vente.

L’achat de cet immense campus révèle l’ambition du groupe, déjà valorisé 200 milliards de dollars en Bourse et employant 132.000 personnes à travers le monde. Fondé par Larry Ellison, le leader des logiciels de gestion s’est attaqué au marché du cloud en investissant 12 milliards de dollars en deux ans pour rattraper son retard. Une stratégie qui commence à porter ses fruits. « Les deux activités cloud d’Oracle représentent désormais 25% de son chiffre d’affaires avec un rythme annuel de 10 milliards de dollars », explique Safra Catz, sa PDG depuis 2019. L’ancienne directrice financière a remonté les marges de l’entreprise et fixé un cap clair. « A la fin de l’année, nous devrions passer de 37 à 44 data centers dans le monde », détaille Régis Louis, l’un des piliers de cette stratégie en Europe et en Asie-Pacifique. Le vice-président veut faire d’Oracle l’un des acteurs principaux du continent. Après Marseille, un deuxième data center sera inauguré le 20 juin, en Ile-de-France.

Le nom d’Oracle a longtemps été associé à ses logiciels de gestion et ses bases de données. Les grandes entreprises font appel à Oracle pour mettre de l’ordre dans leurs données financières, comptables, et leurs ressources humaines. Un domaine où la concurrence s’est renforcée depuis l’apparition de Salesforce ou Workday et la montée en puissance des applications de l’allemand SAP. De quoi obliger Oracle à multiplier les acquisitions comme celle de Cerner, le gestionnaire de données médicales, en décembre, pour 28,3 milliards de dollars. Sa plus grosse opération depuis le rachat de PeopleSoft, en 2004.

Diversifier ses revenus

Lors des derniers résultats, en mars, Larry Ellison s’est félicité d’avoir fait entrer de nouveaux clients, dont des banques comme la Société générale et bientôt BNP Paribas. En France, Oracle se vante d’avoir consolidé les données financières du Crédit agricole sur les serveurs de la banque. Une approche mise en avant par le groupe, qui se dit capable de faire tourner ses logiciels chez le client comme sur ses serveurs – en l’occurrence, Sun Micro-systems, acquis par Oracle en 2010. « Les données de nos clients resteront toujours conservées dans le data center de leurs choix », maintient Christophe Négrier, nommé en janvier directeur d’Oracle France.

Mais, pour grossir encore, le géant veut aussi héberger l’or numérique dans les coffres-forts qu’il déploie partout. « Oracle voudrait emmener une partie de ses clients dans sa propre infrastructure », observe Gérald Karsenti, ancien directeur d’Oracle France, qui a quitté l’entreprise avant de passer chez SAP. Une stratégie qui lui permettrait d’être plus agile et de diversifier une partie de ses revenus. « Oracle est parti plus tard que les autres dans cette activité, confirme Chris Pang, analyste chez Gartner. En termes de parts de marché, son activité cloud en 2020 restait en retrait (1,5%) des hyperscalers comme AWS d’Amazon (41%), Azure de Microsoft (20%), ou Alibaba (10%). »

Proximité avec Trump

Le groupe mène un puissant lobbying à Washington contre le monopole de ses concurrents. Il y a quatre ans, il avait porté plainte contre le Pentagone après l’attribution d’un contrat de 10 milliards de dollars à Microsoft pour le projet d’un cloud militaire, « Jedi », impulsé par le ministère de la Défense. Le contrat a ainsi été renégocié avec cinq autres fournisseurs… dont Oracle.

Proches de Donald Trump, Safra Catz et Larry Ellison revendiquent leur soutien au Parti républicain, mêlant politique et affaires…

Lorsque l’ex-président ordonnait au réseau chinois TikTok de stocker ses données aux Etats-Unis, Oracle entendait bien décrocher le contrat face à Microsoft. Après de nombreuses péripéties, son cloud public pourrait héberger les données des utilisateurs américains, confirmait l’agence Reuters en mars dernier.

« Nous restons l’une des dernières boîtes de la tech dirigée par son fondateur », rappelle Christophe Négrier. Larry Ellison la pilote depuis plus de quarante ans. Huitième fortune mondiale selon Forbes, il détient 42,7% des parts d’Oracle où il exerce comme « chef de la technologie » à 77 ans. Visant par ailleurs l’immortalité, il investit dans la médecine régénérative.

Un vivier en or pour les ténors de la tech

Etre passé par Oracle suffit-il à remplir une carte de visite?

Les anciens du groupe forment une clique à part dans le monde de la tech. Les deux ingénieurs français de Snowflake, Thierry Cruanes et Benoît Dageville, peuvent en témoigner.

Après avoir passé dix ans chez Oracle, la cotation en Bourse de leur société, d’une valeur de 67 milliards de dollars, avait mis le feu à Wall Street il y a deux ans. Ils ont rejoint le groupe des fondateurs qui, comme Marc Benioff, le patron de Salesforce, ou Bernard Liautaud et Denis Payre, avec Business Objects, ont créé leur propre entreprise après avoir fait leurs classes chez Larry Ellison. Les anciens d’Oracle sont aussi une manne pour ses concurrents. En 2019, Google Cloud était allé chercher Thomas Kurian après vingt-deux ans à la présidence d’Oracle pour lui confier la direction de son activité. Plus récemment, Palantir l’a imité en allant débaucher Philippe Mathieu d’Oracle International pour développer ses produits en Europe et au Moyen-Orient.

TOURNANT STRATÉGIQUE

1977 Larry Ellison fonde Oracle.

1987 Leader mondial des logiciels de gestion de bases de données.

2014 Larry Ellison cède son siège de CEO au duo Mark Hurd et Safra Catz.

2019 Safra Catz devient directrice générale d’Oracle Corporation.

2021 Rachat de Cerner pour 28 milliards de dollars.

Austin, nouveau fief du numérique

Combien ça va nous coûter? – Sûrement moins qu’en Californie, a répondu Larry Ellison (ci-contre, au côté de Safra Catz) à son PDG Mark Hurd, décédé en 2019, au sujet de l’emplacement du campus, d’après le Business Journal d’Austin. Les 14 hectares accueilleront bientôt 10.000 employés, un terrain de flag football, des salles de sport et des logements de luxe destinés aux jeunes cadres recrutés dès la sortie de l’université. Un projet à 300 millions de dollars. Après Microsoft, Apple et Google, Oracle emménage à Austin.




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