Des chercheurs de l’université de Hefei ont réussi à faire en 200 secondes un calcul qui aurait mis 2,5 milliards d’années sur le plus puissant supercalculateur chinois.
Nouveau coup de théâtre dans le domaine de l’informatique quantique. Selon Nature, un groupe de chercheurs de l’université de Hefei dit avoir atteint la « suprématie quantique » — ou « avantage quantique » — à partir d’un ordinateur photonique, ce qui est une première mondiale. La suprématie quantique signifie la capacité d’un ordinateur quantique à faire un calcul irréalisable sur un ordinateur classique. Jusqu’à présent, il n’y avait que Google qui a réussi à trouver un tel calcul en octobre 2019, en s’appuyant sur des circuits supraconducteurs (puce Sycamore). Mais ce calcul a été très critiqué, car jugé plutôt inutile. Bref, Google aurait démontré quelque chose qui ne sert pas vraiment.
Les chercheurs chinois, à l’inverse, démontrent la suprématie quantique pour le problème dit « d’échantillonnage de bosons », un calcul probabiliste particulièrement complexe à réaliser et dont la difficulté augmente de manière exponentielle en fonction du nombre de variables. Dans le cas présent, un calcul qui aurait mis 2,5 milliards d’années sur le meilleur supercalculateur chinois a ainsi pu être fait en… 200 secondes. Selon le professeur Jian-Wei Pan, qui a piloté l’expérience, ce résultat n’a rien d’artificiel, car ce type de calcul serait utile dans la théorie des graphes, la chimie quantique ou l’apprentissage automatique. Jian-Wei Pan est une sommité dans la physique quantique. En 2018, ce scientifique avait déjà marqué les esprits en créant un système de chiffrement quantique qui s’appuie sur des satellites.
Quelques voix critiques s’élèvent néanmoins. Interrogé par Nature, Christian Weedbrook, PDG de Xanadu, souligne que la machine chinoise n’est pas programmable, contrairement à la technologie Sycamore de Google. Elle ne pourrait donc pas être utilisée pour « résoudre des problèmes pratiques ». L’homme, à priori, sait de quoi il parle, car Xanadu est une jeune pousse qui veut également construire un ordinateur quantique photonique. Mais tous les experts s’accordent à dire que le résultat de l’équipe chinoise constitue bel et bien une avancée majeure dans l’informatique quantique.
Source: Nature