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Publié Le 29 novembre, 2022 10:02 am

Pourra-t-on un jour se protéger contre le VIH ? Voilà dix ans que l’éminent professeur d’immunologie, Yves Lévy, ancien patron de l’Inserm, cherche à mettre au point un vaccin préventif. 

Alors que la journée mondiale de lutte contre le sida a lieu ce jeudi et que 4 900 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2020, le directeur de l’Institut de recherche vaccinale (VRI) et cofondateur de la biotech LinKinVax nous fait part de ses derniers résultats « prometteurs ». Vous utilisez une technologie totalement nouvelle. De quoi s’agit-il ? Pr YVES LEVY. 

Vu la complexité du VIH, on s’est dit qu’il fallait le combattre différemment. Ces dernières années, on a longuement étudié son fonctionnement. Pour le parer, l’élément clé, c’est de cibler précisément les cellules dendritiques. Quand un vaccin, que ce soit un virus inactivé ou des fragments, est administré dans l’organisme, ce sont elles qui envoient les ordres au système immunitaire. Alerté, il va alors fabriquer des armes pour se défendre. Cela peut prendre du temps avant que le message ne leur parvienne. Ainsi, notre injection leur envoie directement l’information grâce à une sorte de missile, un anticorps qui cible un récepteur à la surface de ces cellules, sur lequel on a accroché des fragments de virus. Les voilà immédiatement activées ! Où se situent-elles ? Vous en avez partout, dans la peau, les bronches, les muqueuses, le tube digestif… Les cellules dendritiques patrouillent dans l’ensemble du corps et sont capables de capter, en premier, les microbes, qui pénètrent dans l’organisme. À ce moment-là, elles les présentent au système immunitaire qui va réagir. Si un jour, le VIH tente d’infecter les cellules, l’organisme sera prêt à le combattre car il en aura gardé la mémoire. Que montrent les résultats de vos tests ? On a injecté trois doses, en prévention, à 72 volontaires, non à risque, en France et en Suisse que l’on a suivi pendant un an. Après huit ans de recherche, on a réussi la phase 1-2, qui montre que notre vaccin est bien toléré et qu’il induit une réponse immunitaire intéressante. C’est énorme ! On vient de passer une étape cruciale. Mais il demeure une inconnue majeure : certes le corps réagit mais est-ce que sa défense va permettre de le protéger réellement lorsqu’il sera infecté par le VIH ? On ne le sait pas encore. Pour cela, il faut une troisième phase de tests auprès des populations à risque : travailleurs du sexe, homosexuels masculins, femmes en Afrique. Si cette protection fonctionne, quand ce vaccin sera-t-il disponible ? Cela dépend des résultats des essais de phase 3 qui doivent être conduits. Nous ne les aurons pas avant deux à trois ans. On développe aussi cette technologie contre d’autres virus. À chaque fois, on garde le système du missile mais on change les fragments de virus que l’on veut cibler, autrement dit, on modifie la cartouche, l’arme reste la même. Ainsi, un essai pour tester deux vaccins contre le Covid va démarrer en 2023, un autre contre le cancer de la gorge lié au papillomavirus. Pour l’instant, c’est sur le VIH que l’on a le plus avancé. Les échecs s’enchaînent depuis 40 ans. Pourquoi est-ce si compliqué de mettre au point un antidote ? Trouver un vaccin contre le VIH est un vrai défi ! Si notre stratégie s’avérait inefficace, on aurait nous-mêmes travaillé dix ans pour rien. Ce n’est pas un virus comme les autres. En général, un microbe se multiplie dans votre organisme, les anticorps le bloquent et il finit par être éliminé, c’est le cas de la grippe. Là, c’est différent, le VIH vous infecte puis il pénètre, en quelques heures, dans vos chromosomes ! Vous le gardez. Ensuite, il mute à toute allure, bien plus vite que le SARS-CoV-2. Il échappe aussi au système immunitaire. Enfin, il l’attaque ! Mais vous savez, quarante ans de recherche, ce n’est pas si long dans l’histoire de la médecine. Cela fait plus d’un siècle qu’on cherche un vaccin contre la tuberculose, et cinquante ans pour l’hépatite C. Votre antidote est-il le seul candidat prometteur ? Depuis 2009, un seul essai de phase 3 a permis de montrer qu’un vaccin expérimental était capable de diminuer de 30 % le risque de s’infecter. Malheureusement les tentatives pour reproduire ces résultats ont été des échecs. Force est de constater que rien n’a fonctionné. Il reste une vingtaine d’essais en cours dans le monde, à un stade précoce, dont le nôtre. Notre particularité, c’est que la stratégie est totalement innovante. C’est un nouvel espoir.

avec Le Parisien




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