Quand les médecins ont diagnostiqué à Lillian un cancer du col de l’utérus, « c’était un moment vraiment effrayant ». Mais un nouveau traitement adapté a redonné de l’espoir à la Rwandaise de 30 ans.
« Le diagnostic médical était très effrayant, mon mari n’arrivait pas à y croire », a déclaré à l’AFP Lillian, dont le nom a été modifié. « Nous avions entendu dire que c’était incurable, donc c’était un moment vraiment effrayant », poursuit-elle. Et ses craintes n’étaient pas infondées.
Le cancer du col de l’utérus est le plus fréquent parmi les femmes de ce pays d’Afrique de l’Est, touchant 42 individus sur 100.000 (contre un peu plus de 13 sur 100.000 à l’échelle mondiale), selon l’Institut national des statistiques du Rwanda.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 940 femmes sont mortes d’un cancer de l’utérus en 2019 dans le pays de la région des Grands Lacs qui compte un peu plus de 13 millions d’habitants.
Beaucoup de femmes redoutent de se faire dépister, en raison de la peur et de la stigmatisation entourant cette maladie. Le cancer du col de l’utérus est en effet le plus répandu parmi les femmes atteintes du VIH, selon ONU Sida.
Par ailleurs, celles qui se font diagnostiquer pensent souvent que le traitement est hors de leur portée, à moins de vivre dans une grande ville.
Pour Lillian, qui réside dans un village à trois heures de route à l’est de la capitale Kigali, être débarassée du cancer, moins de quatre mois après le diagnostic, relevait du fanstasme.
Mais en 2020, le Rwanda a décidé de tester un nouveau dispositif qui traite les lésions précancéreuses par la chaleur et peut être utilisé dans les pays ayant un accès limité à des équipements ou installations médicales de pointe.
« L’infirmière qui m’a soignée a utilisé un petit gadget qui ressemblait à un pistolet. C’est inconfortable mais pas douloureux alors même que cela utilise la chaleur pour tuer les lésions cancéreuses », raconte Lillian.
Économe en énergie
Le thermocoagulateur portable, adapté aux pays à revenus faibles et intermédiaires, est un appareil semblable à une sonde qui utilise une batterie, et peut ainsi être déployé dans des zones reculées où l’accès à l’électricité se fait par intermitence.
« L’appareil fonctionne en appliquant de la chaleur sur le col de l’utérus, entraînant la mort des cellules anormales », explique à l’AFP Christine Musabyeyezu, infirmière au centre de santé Remera de Kigali.
Cette technologie, selon l’infirmière, est une alternative beaucoup moins coûteuse et moins énergivore à la cryothérapie – qui vise à détruire la lésion par congélation – et est également simple d’utilisation, nécessitant une formation minimale pour les personnels de santé.
Le thermocoagulateur portable, de son côté, est économe en énergie, offrant une semaine d’utilisation, soit environ 140 traitements, avant de nécessiter une recharge.
Au Rwanda, ce traitement est désormais au centre de la lutte contre le cancer du col de l’utérus, en particulier dans les zones rurales.
Les personnels de santé espèrent également que les avancées technologiques permettront de manière générale de mieux diagnostiquer le cancer. Le Rwanda teste actuellement une application permettant d’obtenir un diagnostic en quelques secondes.
Cette application mobile fonctionne avec une machine qui utilise de l’acide acétique pour déterminer la présence de lésions cancéreuses dans le col de l’utérus.
Selon Marisol Touraine, ancienne ministre française de la Santé et désormais présidente d’Unitaid, organisation internationale qui vise à réduire le prix des médicaments et soutient les essais cliniques au Rwanda, plus de 300.000 femmes meurent du cancer du col de l’utérus chaque année dans le monde.
L’immense majorité de ces décès – environ 90% – surviennent dans les pays à faibles revenus « parce qu’ils n’ont pas été dépistés à temps, parce qu’ils n’ont pas été traités à temps », a déclaré Mme. Touraine à l’AFP, lors d’un déplacement au Rwanda.
Le nombre de Rwandaises qui viennent se faire dépister augmente, ce qui est une bonne nouvelle.
« Il y a toujours une file d’attente ici de femmes venant se faire dépister pour le cancer du col de l’utérus, plus que pour tout autre test médical », soutient l’infirmière Christine Musabyeyezu.
« C’est une bonne chose car lorsqu’elles se font dépister tôt, elles peuvent être traitées tôt », dit-elle.
avec africanews