L’année 2023 a vu l’intelligence artificielle prendre son essor auprès du grand public ; à l’évidence, elle va de plus en plus s’immiscer dans les produits du quotidien, notamment par le biais des Assistants (le Copilot de Microsoft ou le Bard de Google pour ne citer que deux exemples). Pour les géants du secteur, l’exploitation de l’IA représente bien sûr une manne financière considérable et convoitée.
Pour sa part, António Guterres, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies depuis 2017, voit des risques à différentes échelles.
Il a fait part de ses inquiétudes à l’occasion du Forum de Davos – Forum économique mondial ou WEF (World Economic Forum) pour le nom complet.
António Guterres compare les risques liés à l’IA à ceux posés par la crise climatique. Il considère que dans les deux cas, la communauté internationale n’a aucune stratégie viable pour y faire face.
Factuellement, le secrétaire général pointe du doigt la cupidité des grandes entreprises technologiques. Celles-ci verraient dans l’intelligence artificielle une source de profits, qu’elles comptent maximiser sans la moindre considération éthique.
À propos de l’IA générative, António Guterres a ainsi déclaré : « Cette technologie a un potentiel énorme pour le développement durable, mais le Fonds monétaire international vient d’avertir qu’elle risque fort d’aggraver les inégalités. De puissantes entreprises technologiques sont déjà à la recherche de profits, au mépris des droits de l’homme, de la vie privée et de l’impact social ».
L’homme d’État portugais fait référence à un rapport du FMI publié en début de semaine relayé dans nos colonnes. Le document stipule notamment que l’IA va accroître les inégalités salariales et menacer un très grand nombre de profession.
Cette assertion fait écho à un autre rapport, un peu plus ancien, et diligenté par l’OCDE. L’édition 2023 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE suggère que l’IA pourrait détruire un emploi sur quatre en France et dans le monde.
Par ailleurs, le chef de l’ONU s’inquiète de l’inégalité d’accès à ces nouvelles technologies en fonction des pays. Or, il faudrait, selon lui, « combler le fossé numérique au lieu de l’aggraver ».
António Guterres a demandé aux représentants des entreprises technologiques de collaborer avec les gouvernements afin de mettre en place des garde-fous pour l’IA. Il rappelle que son administration a déjà formulé des recommandations préliminaires sur la manière « d’exploiter les avantages de cette nouvelle technologie incroyable tout en atténuant ses risques ».
Les entreprises technologiques, parfois prises la main dans le sac – à l’image de Meta, qui a admis avoir entraîné son IA avec des livres piratés – font amende honorable et jouent, en tout cas en apparence, la carte de la probité, en mettant en place divers systèmes de protection.
Du côté des administrations, un cadre réglementaire se met progressivement en place : l’Europe notamment a exposé son AI Act fin 2023.
Concernant le lien fait entre l’avènement de l’IA et la crise climatique, là encore, il fait écho à des actualités ; aux déclarations de Sam Altman, directeur général d’Open AI, pour qui le développement de l’IA va nécessiter une révolution énergétique (avec une demande toujours croissante d’énergie), ainsi qu’aux campagnes menées par l’industrie des énergies fossiles pour promouvoir ses combustibles.
António Guterres prévient : « L’industrie des combustibles fossiles vient de lancer une nouvelle campagne de plusieurs millions de dollars pour faire obstacle au progrès et maintenir indéfiniment la production de pétrole et de gaz. Permettez-moi d’être très clair : l’élimination progressive des combustibles fossiles est essentielle et inévitable. Aucune manipulation ou tactique alarmiste n’y changera quoi que ce soit. Espérons que cela ne se produira pas trop tard ».
Des paroles de bon sens, mais qui ne seront pas forcément suivies d’actions…
avec clubic