Jusqu’à présent, elle s’était engagée seulement à un pic avant 2030, et à la neutralité carbone en 2060. L’Empire du milieu est, de loin, le plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète. Le chiffre est beaucoup moins ambitieux que les quelque 30% que les experts estiment nécessaire pour freiner plus rapidement le réchauffement mondial, mais la déclaration démontre l’attachement de Pékin au multilatéralisme climatique.
Xi Jinping a promis de « multiplier par six la capacité d’énergie éolienne et solaire par rapport aux niveau de 2020, en s’efforçant de porter le total à 3.600 gigawatts ». D’ici 2030, elle prévoit d’installer des panneaux solaires dans ses déserts pouvant produire le triple de la capacité électrique totale de la France. Lors des six premiers mois de l’année, elle a installé deux fois plus de capacités solaires que le total des autres pays du monde, tout en continuant toutefois à construire des centrales à charbon.
« Cette approche pragmatique reflète une longue tradition de choix politiques prévisibles », a commenté pour l’AFP Li Shuo, expert de l’Asia Society Policy Institute. L’Union européenne est en retard pour sa propre feuille de route, et les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, vont se retirer de l’accord de Paris qui charpente toute la diplomatie climatique actuelle.
« La transition verte et bas carbone est la tendance actuelle. Alors que certains pays s’y opposent, la communauté internationale doit rester concentrée sur la bonne direction, maintenir une confiance inébranlable, des actions constantes et une intensité constante », a déclaré le dirigeant chinois, selon une traduction officielle.
Les propos contrastent avec ceux de Donald Trump, qui, la veille à l’ONU, a ridiculisé la science climatique, la qualifiant de « plus grande arnaque jamais menée contre le monde ».
« La fréquence et l’intensité des ouragans est réelle, pas un canular, pas une arnaque », a répondu mercredi Philip Davis, Premier ministre des Bahamas, régulièrement balayés par les vents.
Les réactions d’experts et d’ONG au nouvel objectif chinois se retrouvent sur le fait qu’il est « trop timide », selon les mots de Juan Manuel Santos, ancien président colombien et président du groupe des « Sages » (« The Elders »), réunissant plusieurs ex-personnalités internationales. Mais la plupart, même chez les militants, disent s’attendre à ce que la Chine continue d’accélérer, et sont réconfortés par la promotion des énergies renouvelables par le président Xi.
« L’espoir est que la décarbonation réelle de l’économie chinoise ira sans doute plus vite que cet objectif sur le papier », a commenté Yao Zhe, de Greenpeace en Asie.
L’objectif doit être vu « comme un plancher et non un plafond », commente l’un des meilleurs experts des émissions chinoises, Lauri Myllyvirta, du centre de réflexion CREA. Au rythme actuel de croissance des renouvelables, l’objectif 2035 sera largement dépassé, selon lui. « L’annonce est un signal clair que l’économie mondiale du futur marchera aux énergies propres », a salué le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell.
via bfm business