Après avoir été visé par Apple sur sa gestion des données personnelles, Facebook répond sévèrement, accusant le fabricant de l’iPhone de vouloir s’approprier ces données pour gagner davantage d’argent.
Le conflit entre Apple et Facebook est désormais ouvert. La firme dirigée par Mark Zuckerberg accuse Apple de tromper ses clients et de vouloir tuer la concurrence sur le marché publicitaire. En cause, l’arrivée début 2021 d’une nouvelle contrainte pour les développeurs d’applications: demander l’accord de l’utilisateur d’un iPhone ou d’un iPad pour suivre son activité sur le Web s’ils entendent lui proposer de la publicité ciblée grâce à aux données récoltées.
Une décision critiquée par les géants de la publicité, à commencer par Facebook, dont 98% des 70 milliards de chiffre d’affaires cumulés en 2019 proviennent de la vente de publicité ciblée. Cet été, l’entreprise alertait ses partenaires sur les lourdes chutes de revenus auxquelles il fallait s’attendre.
Ce 20 novembre, Facebook passe à l’offensive, après qu’Apple l’a décrit hier 19 novembre comme une entreprise souhaitant “collecter autant de données que possible” avec un “mépris” pour la vie privée de l’utilisateur.
Auprès de BFMTV, un porte-parole de Facebook contre-attaque, revenant notamment sur un bug de FaceTime qui avait permis à certains utilisateurs de déclencher le micro de son correspondant avant même qu’il ne décroche.
Facebook revient aussi sur les récentes accusations visant macOS, alors que certaines informations laissaient penser qu’Apple enregistrait la liste des logiciels ouverts par ses clients sur leur ordinateur. Une théorie contestée par Apple et remise en question par des chercheurs en cybersécurité.
“Apple est accusé de surveiller et de récolter les données privées des utilisateurs à partir de leurs ordinateurs personnels, sans leur consentement, par le biais de la dernière mise à jour de macOS – et la lettre d’aujourd’hui n’est qu’une diversion. Ils en ont l’habitude. Ils ont opté pour la même stratégie lors des révélations sur les violations de la vie privée de leurs utilisateurs en permettant l’accès aux fichiers audio de millions de personnes sans leur consentement par le biais d’une faille dans FaceTime. Aujourd’hui, ils critiquent le modèle de nos applications pour changer de sujet. Malheureusement, nous ne sommes pas parfaits et cela a fonctionné” regrette Facebook.
Le réseau social mentionne également les accusations d’abus de position dominante visant Apple, notamment en raison de la commission prélevée sur l’App Store – récemment passée de 30% à 15% pour les développeurs cumulant moins d’un million de dollars de chiffre d’affaires.
“La vérité est qu’Apple a étendu ses activités publicitaires et tente de transformer l’internet gratuit en applications payantes leur rapportant de l’argent, par le biais des changements apportés par iOS 14. En conséquence, ils tirent profit de leur position dominante pour privilégier leur propre collecte de données, tout en empêchant leurs concurrents de faire de même. Leur promesse concerne la vie privée, mais il s’agit bien de profits. Vous n’avez pas besoin de nous croire sur parole. Les défenseurs des petites entreprises spécialisées dans la publicité ciblée évoquent les effets dramatiques de cette stratégie” explique Facebook.
Facebook revient par ailleurs sur la menace constituée à ses yeux par les nouveaux outils de protection de la vie privée d’Apple sur le marché publicitaire.
“Comme l’a expliqué le vice-président chargé des affaires publiques de l’IAB [une organisation représentant l’industrie publicitaire, ndlr], ‘ne vous laissez pas berner: le marché de la publicité est toujours dans l’impasse et l’étranglement d’Apple sur les petites entreprises est toujours réel… Malheureusement, pour les consommateurs comme pour les entreprises, la firme va faire évoluer les règles en sa faveur’. En réalité, nous ne nous laissons pas berner. Tout ceci fait partie de la transformation du modèle économique d’Apple, passant de la conception de produits innovants à la création de services basés sur la donnée.” assure Facebook.
Afin de réduire sa dépendance à l’iPhone, Apple tente depuis plusieurs années de développer ses services, notamment avec Apple Music, Apple TV+ ou encore iCloud. Par ailleurs, Apple diffuse de la publicité dans trois d’entre eux: l’App Store, Apple News (application d’informations non disponible en France) et Stocks, son application boursière. Ce 19 novembre, le vice-président d’Apple Craig Federighi assurait à BFMTV que la firme n’utilisait aucune données de services comme Siri, iMessage ou iCloud pour personnaliser ces publicités.
BFMTV