Lee Jae-yong, l’un des hommes les plus riches de Corée du Sud, a bien été reconnu coupable de corruption, ce qui n’enchante évidemment pas l’entreprise dont il est l’héritier, Samsung.
Une fois encore, Lee Jae-yong n’échappera pas à la prison. Unique fils (il a trois sœurs) de Lee Kun-hee, qui dirigea Samsung durant une trentaine d’années et qui est décédé en octobre dernier, l’homme d’affaires de 52 ans, dirigeant principal et vice-président de Samsung Electronics, a été condamné lundi par un tribunal de Séoul, pour corruption. Il a écopé d’une peine de deux ans et demi d’emprisonnement, et a été incarcéré dès l’annonce du verdict.
Le scandale de corruption qui touche Lee Jae-Yong commençait à trainer en longueur. L’affaire avait débuté dès 2016 avec des malversations autour des Jeux olympiques d’Hiver 2018 de PyeongChang, dont Samsung était le sponsor principal.
En 2017, Lee Jae-yong avait été une première fois condamné pour corruption et détournement de fonds. À l’époque, l’affaire avait secoué toute la Corée du Sud. Lee Jae-yong avait envoyé en pots-de-vin autour de 6 millions d’euros à la présidente de l’époque, destituée depuis, Park Geun-hye.
Mais alors qu’il s’était vu infliger une peine de 5 ans d’emprisonnement, l’héritier de l’empire des nouvelles technologies était parvenu à obtenir sa libération en appel, en 2018. Depuis, la justice sud-coréenne, la Cour suprême en tête, cherchait à faire payer le dirigeant pour ses fautes. Elle a obtenu ce qu’elle souhaitait, même si le juge Jeong Jun-yeong a reconnu que le principal intéressé avait fait preuve de « bonne volonté concernant la direction, avec un renforcement des règles de conformité répondant à son engagement de créer une société transparente. » Elle a par ailleurs confirmé la condamnation de l’ancienne présidente à 20 ans de prison.
Si les déboires de Lee Jae-yong étaient connus de tous, le dirigeant occupait jusqu’à maintenant une place très importante au sein du géant Samsung, plus imposante société sud-coréenne, qui pèse pour 1/5 du PIB du pays.
Alors forcément, beaucoup s’interrogent sur les conséquences que fera peser cette décision de justice sur la vie et, à plus long terme, l’avenir de la société spécialisée dans les smartphones et les composants électroniques. La première chose, c’est que Lee sera tenu à l’écart des affaires de Samsung Electronics, même si son emprisonnement ne devrait être « que » de 18 mois, celui-ci ayant déjà effectué une partie de sa peine.
L’action de Samsung Electronics a fini en baisse de 3,41% lundi à Séoul, jour du prononcé de la décision. Une chute pas si catastrophique mais dont il faudra étudier la portée sur le reste de la semaine, ce qui devrait en dire long sur la confiance du marché en les capacités de Samsung Electronics à rebondir sans son leader.
Même si les faits reprochés à Lee Jae-yong sont graves, celui-ci n’a peut-être pas définitivement entaché son image auprès de l’opinion et du marché. L’homme d’affaires, qui avait présenté des excuses en mai dernier sur le système de succession qui permet de prendre la tête du groupe bâti par son grand-père décédé en 1987, Lee Byung-chul. Lee Jae-yong a promis que la succession familiale prendrait fin avec lui, ce qui laisse la porte ouverte à une vraie ouverture de Samsung. Sans oublier le fait que d’autres grands patrons ont été condamnés en Corée du Sud pour des faits similaires (corruption ou fraude fiscale) et qu’ils avaient tous, jusqu’à maintenant, été protégés par Séoul. Condamné et emprisonné, mais avec ses principes, Lee Jae-yong pourrait en ressortir plus fort encore. Reste à convaincre le marché.
Source : ZDNet