PDG de Google, Sundar Pichai est né « Pichai Sundarajan » et a eu une enfance modeste à Madurai, en Inde. Fils d’une sténographe et d’un ingénieur, il a grandi dans un petit appartement loué où il n’y avait ni réfrigérateur ni télévision lorsqu’il était enfant.
« Ma vie était simple par rapport au monde actuel », se souvient-il dans une interview accordée au New York Times en 2008. Petit, il a même vu sa maison inondée. « Nous manquions d’eau. Aujourd’hui encore, je dors avec une bouteille sur le côté de mon lit à cause de cela », a-t-il déclaré. Son rêve était de devenir joueur de cricket. Ses ambitions de carrière sportive ne s’étant pas concrétisées, il s’est spécialisé dans l’ingénierie métallurgique en Inde.
Sundar Pichai est diplômé de l’Institut indien de technologie Kharagpur. Après avoir obtenu son diplôme en technologie, il épuise les économies de sa famille pour poursuivre ses études aux États-Unis. Il y obtient un master spécialisé de l’université de Stanford en Californie, ainsi qu’un MBA de la Wharton School de l’université de Pennsylvanie, où il était boursier. Après avoir passé sa maîtrise en science des matériaux de l’université de Stanford, il a décidé d’inverser l’ordre de son nom pour s’appeler dorénavant Sundar Pichai.
Sundar Pichai a travaillé en tant que consultant en ingénierie chez McKinsey. À 47 ans, il s’est vu confier une mission très complexe : remplacer les anciens patrons Larry Page et Sergey Brin à la tête d’Alphabet, la holding qui contrôle Google. Auparavant, il avait côtoyé ces deux personnes sur les bancs de l’université en Californie.
Au cours de sa première décennie chez Google, Sundar Pichai a travaillé sur plusieurs produits qui sont aujourd’hui la colonne vertébrale de l’entreprise, comme le navigateur web Google Chrome, la suite Google Drive et le service de messagerie Gmail. Il a également dû remplacer des légendes technologiques : en 2013, il a commencé à diriger le développement du système d’exploitation Android, occupant le poste d’Andy Rubin, ingénieur considéré comme le père de la plateforme.
En deux ans, Sundar Pichai a fait passer l’entreprise, lancée en 2008, de 1 milliard à 1,8 milliard d’appareils dans le monde. Ces bons résultats lui ont permis de prendre le contrôle de Google en 2015, lorsque Brin et Page ont décidé de créer la structure d’entreprise Alphabet à part. Avec celle-ci, ils ont pu se consacrer à l’innovation et investir dans les technologies du futur, comme les voitures autonomes, sans pour autant affecter les bénéfices et les dividendes de la société Google.
Plus qu’un changement de gouvernance, cette nouveauté a permis à Pichai de prendre sa place sous les feux de la rampe : il est en charge des principaux événements et déclarations de Google pour l’entreprise lors de témoignages à Washington, là où Page et Brin ne sont pas intervenus depuis des années. En bref, Sundar Pichai agit en tant que porte-parole de la société.
En 2019, Alphabet a annoncé que Larry Page et Sergey Brin quittent leurs fonctions de P.-D.G. et de président de la société respectivement. Ils seront remplacés par Sundar Pichai, qui cumulera désormais les deux rôles avec le poste de P.-D.G. de Google. Le duo Page et Brin restera actif en tant que cofondateurs, actionnaires et membres du conseil d’administration.
C’est précisément à Washington que le premier grand défi de Pichai, en tant que seul dirigeant de l’entreprise, se posera. En effet, ces dernières années, Google a été très attaqué par les législateurs en raison de son pouvoir sur le marché, la concurrence déloyale, l’utilisation des données et même l’influence politique de l’entreprise dans plusieurs pays, et les poursuites judiciaires qu’elle y a engendrées.
Actuellement, le Congrès américain enquête sur les pratiques de Google s’opposant à la libre concurrence sur plusieurs marchés. Les candidats démocrates à la présidence ont également l’entreprise sous leurs viseurs. Dans l’Union européenne, la situation de Google n’est pas idéale non plus : elle a déjà poursuivi l’entreprise trois fois pour concurrence déloyale, avec des amendes totalisant plus de 6 milliards d’euros.
Les pays émergents constituent un autre défi pour Google. En effet, c’est dans des endroits comme le Brésil, l’Inde, le Nigeria et Singapour, par exemple, que cette société pourra continuer à augmenter le nombre total de ses utilisateurs, tout en étant soumis à un contrôle local plus flexible. En raison de sa nationalité, Pichai naviguera mieux que ses anciens patrons sur ces fronts. Il devra également trouver comment maintenir la publicité ciblée, à un moment où des sujets, comme la confidentialité des données, sont de plus en plus controversés.
Enfin, il devra faire face à la pression interne des employés : ces derniers temps, les protestations des « Googlers », les salariés de la société, se sont intensifiées. Les raisons sont multiples : de l’implication de l’entreprise avec le gouvernement chinois dans un projet secret aux conditions de travail des sous-traitants, en passant par la politique interne sur les questions de harcèlement moral et sexuel. Par exemple, Google est souvent critiqué pour avoir laissé Andy Rubin, le prédécesseur de Pichai sur Android, quitter l’entreprise avec des millions d’euros de primes, même après avoir été accusé de harcèlement sexuel sur un collègue.
Enfin, l’intelligence artificielle fait depuis longtemps partie de l’ADN de Google. En effet, l’entreprise s’est déjà montrée prête à lancer des produits qui surpassent la concurrence. Sundar Pichai travaille actuellement sur Google Home, leur nouveau produit. Il constitue une forme de communication nouvelle et interactive et peut être utilisé comme un assistant personnel. L’objet réserve des vols, achète des billets, répond aux messages, programme des tâches et veille à ce que rien ne soit oublié. Google Home peut non seulement suggérer des cadeaux pour des dates spéciales, mais aussi vous rappeler de faire vos valises pour votre prochain voyage.
Avec Futura