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Publié Le 29 novembre, 2021 11:56 pm
Le metaverse est un terme à la mode. Mais il est difficile de le définir.

Des univers parallèles au nôtre dans lesquels nous évoluerons et interagirons comme dans la vie réelle, nous livrant à de la sociabilisation, des jeux ou même à un travail. Tel est le nouveau Graal d’Internet qu’ambitionnent de réaliser des personnes comme Mark Zuckerberg : les « métavers » ou « metaverses ».

En anglais on parle de « metaverse » et en français on utilise plus couramment le terme « métavers ». L’étymologie du mot nous renseigne fort bien sur sa signification. « Méta » signifie « au-delà » et « vers » désigne le mot « univers ». Nous obtenons donc « au-delà de l’univers » ou « univers parallèle ».

Les origines du metaverse

La première apparition du terme metaverse a été dans Snow Crash, « Le Samouraï virtuel » de Neil Stephenson. Dans ce roman visionnaire publié en 1992, les citoyens utilisent des avatars numériques pour explorer un monde virtuel en ligne – ce qui est pour eux une façon comme une autre d’échapper à la réalité. Il se trouve que dans Snow Crash, l’économie mondiale s’est effondrée et les gouvernements ont perdu l’essentiel de leur pouvoir au profit d’un petit nombre de méga-entreprises. Le métavers est donc un moyen pour eux d’échapper au réel. Le héros du roman, Hiro Protagonist, y passe l’essentiel de son temps, via ses lunettes et écouteurs.

Le film de Steven Spielberg, Ready Player One (2018) relaye une certaine vision d’un tel concept : on y trouve le monde virtuel Oasis, dans lequel se plonge volontiers le héros du film. Toutefois, ce monde parallèle est avant tout dédié au jeu.

Avec l’avènement des NFT pour non-fungible token en anglais (objets numériques uniques), certains jeux vidéo en ligne ont commencé à être assimilés à des métavers, notamment The Sandbox ou Decentraland, dans lesquels chacun peut revendiquer un accès exclusif à une parcelle d’un territoire donné et intervenir comme bon lui semble sur son apparence. 

Fin octobre 2021, Facebook a mis le concept sur le devant de la scène, lorsque Mark Zuckerberg a annoncé la création d’un tel monde parallèle. L’entreprise a même changé de nom au passage pour adopter celui de Meta et mieux marquer son intention de développer un environnement qui serait le futur de la sociabilisation sur Internet. Zuckerberg a décrit le métavers ainsi : « Vous pourrez y faire presque tout ce que vous êtes en mesure d’imaginer – vous rassembler avec vos amis et votre famille, travailler, apprendre, jouer, faire du shopping, créer. »

Il est à noter que Mark Zuckerberg a pris ses distances avec la vision développée par Neil Stephenson dans Snow Crash : « Dans ce livre, l’environnement est plutôt négatif. Je ne pense pas que cela se passera comme cela… » Pour Zuckerberg, le métavers apparaît comme une évolution naturelle de Facebook, avec une même vocation de réunir des gens. Nous pourrions, dans cette mesure, assimiler le métavers à un réseau social d’une autre dimension, dans la mesure où l’on peut y déambuler à sa guise, croiser des gens et interagir (se livrer à une partie de ping-pong), visiter des lieux…

Visite virtuelle d'une cité antique dans le métavers tel que l'imagine Meta/Facebook. © Facebook
Visite virtuelle d’une cité antique dans le métavers tel que l’imagine Meta/Facebook. © Facebook

 

Ce qui définit un métavers

Trois points paraissent essentiels pour ce qui est de la participation à un métavers.

1. L’immersion

Mark Zuckerberg l’a clairement laissé entendre : « Il sera nécessaire que les usagers se sentent immergés dans cet univers. » Ainsi donc, on se retrouve dans cet univers dès lors qu’on y entre. Toute la réalité perçue et entendue durant cette expérience est celle du métaverse. On peut toucher des choses et les ressentir.

Dans cette mesure, nous pourrions assimiler le métavers à une expérience de réalité virtuelle qui serait déployée à très grande échelle. Pour mémoire, la réalité virtuelle consiste à définir un environnement artificiel, intégralement créé à partir d’image de synthèse. Ainsi, dans un jeu tel que Indiana Jones – Eye of the Temple, tout un univers propre à cette saga a été créé. Après avoir enfilé un casque tel que l’Oculus Rift, HTC Vive ou encore le Valve Index, le joueur doit trouver la sortie d’un temple truffé de pièges.

2. Un monde ouvert et permanent

N’importe qui doit pouvoir rejoindre le métavers à tout moment, et le quitter aussi instantanément. Et dans ce monde, on dispose de son avatar qui peut être une reproduction de soi-même ou bien un personnage artificiel que nous incarnons. C’est au travers de cet avatar que l’on se livre à des compétitions, des activités de formation ou même à un travail.

3. Des éléments durables

La maison dans laquelle on réside, les rues que l’on parcourt dans son quartier de prédilection, les objets que l’on possède, tout cela est là en permanence. Grâce aux NFT, on peut notamment disposer d’éléments uniques tels que des œuvres d’art exposées dans son salon, un véhicule particulier, une armure exploitable dans les jeux vidéo…

Il est probable qu’il y aura également dans le métavers des personnages pré-programmés assumant certaines fonctions sociales à l’image d’un stand d’information dans la vie réelle.

Pratique d'un jeu de société avec une autre personne dans le métavers tel que l'imagine Meta/Facebook. © Facebook
Pratique d’un jeu de société avec une autre personne dans le métavers tel que l’imagine Meta/Facebook. © Facebook

Quels accessoires pour un métavers ?

La participation à un métavers va supposer l’acquisition et l’usage de certains équipements ou objets réels comme virtuels :

  • Un casque de réalité virtuelle. Cet accessoire est essentiel pour induire le fameux sentiment d’immersion évoqué plus haut. Oculus (qui appartient à Facebook/Meta), Sony et HTC figurent parmi les fournisseurs de tels équipements. Idéalement, il faudra remplacer un tel casque par des lunettes aisées à enfiler et à même de nous plonger instantanément dans le métavers. Certains ont même évoqué des interfaces neuronales mais il est peu probable qu’un équipement aussi intrusif soit jamais spontanément adopté par une majorité de la population.
  • Des capteurs tactiles à haute résolution, à même de répliquer le sens du toucher dans ce monde virtuel. On pourrait aussi envisager des combinaisons à même de transmettre des sensations tactiles dans les majeures parties du corps.
  • Des vêtements, accessoires ou maisons personnalisés. L’engouement de plusieurs marques de luxe pour les NFT va de ce sens. Une plateforme telle que Exclusible propose aux créateurs de joaillerie, de mode, de produits de beauté et autres accessoires de luxe, de produire des NFT.
  • Une monnaie parallèle, et donc une cryptomonnaie comme on en trouve dans The Sandbox ou Axie Infinity avec laquelle on pourra acheter et revendre les objets du jeu. Les jeux « play to earn » (jouer pour gagner) sont appelés à se développer.

Qui bâtit des métavers ?

Outre Facebook, parmi les grandes entreprises actives dans la création de métavers on trouve :

  • Epic Games, le créateur de l’ultra populaire Fortnite, qui a levé 1 milliard de dollars en avril 2021 et entend investir prioritairement vers la mutation de ce jeu en métavers ;
  • Roblox, un autre éditeur, qui entend faire évoluer son jeu en ligne de façon à faciliter des relations analogues à celles que nous avons dans la vraie vie ;
  • la plateforme OVR qui couvre l’intégralité du globe : on peut acheter des terrains, bâtir des immeubles, créer des événements en ligne…
  • la startup Magic Leap qui bâtit une plateforme de réalité alternative et a embauché Neil Stephenson en tant que visionnaire en chef ;
  • Microsoft. L’éditeur de Windows veut adapter son application de visioconférence Teams de façon à en faire un métavers, dédié en premier lieu au monde des entreprises ;
  • En novembre 2021, Disney a annoncé rejoindre le mouvement sans donner de détails sur son approche technologique.

Une conjonction de hautes technologies

Les visionnaires de métavers nous renvoient généralement à un grand nombre d’années dans le futur, car un grand nombre de technologies existantes se devront d’être arrivées à maturité avant qu’un tel univers parallèle puisse être déployé. Si les accessoires de visualisation et les systèmes tactiles en font partie, il en est de même pour tout ce qui relève du haut débit. Outre la fibre optique, la 5G et peut-être même aussi la 6G sont des ingrédients indispensables d’une telle équation.

Pour ce qui est de l’intégration du métavers dans notre modèle de civilisation, on peut soulever maintes questions. Pour les contrées où le métavers sera en épanouissement, que peut-on attendre ? Un paradis artificiel permettant d’échapper à un monde réel plutôt que d’en affronter les problèmes ? Un outil de libération individuelle ou d’asservissement ? Un désastre écologique lié à la puissance de calcul sous-jacente à un tel système ? Il reste aussi à savoir si des régimes dictatoriaux autoriseront jamais l’accès à un métavers où chacun serait libre d’agir et de s’exprimer comme il le souhaite.

avec futura




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